Interview de Christina Lecler - Little Things Créations
Christina Lecler, fondatrice et créatrice de Little Things Créations, en connait un rayon sur les techniques de bijouterie. Toutefois, elle ne se revendique pas bijoutière mais bien “artisane bijoutière”, grâce aux techniques de base en bijouterie qu’elle a apprises via une formation. Galvanoplastie, gold filled, microns, carats ou K, laiton, sont des termes que l’on va démystifier pour vous dans cet article.

C’est au Sud de la Belgique, dans le joli village de Vaux-sur-Sûre, que s’est établie la petite boutique Little Things Créations, spécialisée dans la création et la vente de bijoux à base de métaux précieux, aux designs originaux et aux prix accessibles.
Elle y propose deux gammes de bijoux: les « Pépites » et les « Merveilles ».
Les « Pépites » sont un assemblage original et élégant de pièces en laiton pré-existantes et les « Merveilles » sont les bijoux imaginés et fabriqués entièrement par Christina Lecler.
Afin de pouvoir créer ses propres bijoux « Merveilles » à base de métaux précieux, Christina Lecler s’est spécialisée dans l’apprentissage de certaines techniques de bijouterie et nous en explique les grandes lignes ci-après, sous forme d’interview.
- Belartiza: « Quelle est ta démarche initiale quand tu crées une nouvelle « Merveille » ? »
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Christina Lecler: « Je suis une créative et j’ai toujours pas mal d’idées pour imaginer de nouvelles pièces.
Il y a d’abord les croquis, la découpe de la plaque de laiton, la mise en forme, la texture et l’envoi de la pièce chez un doreur afin de la recouvrir d’une couche d’or ou d’argent. »
- Belartiza: « Comment procèdes-tu techniquement ? »
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Christina Lecler: « Le laiton est toujours à la base de chacun de mes nouveaux bijoux car c’est un matériau très malléable et qui fait une base solide pour le bijou que j’ai imaginé. Le laiton est également très abordable, ce qui permet d’avoir une marge de manœuvre en cas d’erreur. En effet, je souhaite rester dans une gamme de prix accessible afin de pouvoir vendre mon produit fini à des prix abordables.
Sur une plaque en argent, par exemple, le prix final montrait en flèche (x3) . L’argent et l’or sont des métaux précieux et un artisan qui travaille de tels métaux se doit de s’enregistrer auprès du Bureau de la Monnaie Royale et d’y enregistrer un poinçon signature et un poinçon titre à apposer sur ses créations. Pourquoi pas un jour peut-être mais pour l’instant mon objectif est de proposer de la « bijouterie accessible » et toutefois, de qualité !
Je prends donc une petite plaque de laiton que je travaille sur ma cheville de bijoutier et que je découpe à l’aide d’un boc-fil. Le travail est donc en route pour la création d’un nouveau modèle. »
- Belartiza: « Quelle est l’étape suivante de création de tes bijoux? »
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Christina Lecler: « Il s’agit du choix des matériaux qui viendront enrober la forme découpée en laiton. Cela se nomme la « galvanoplastie ». La galvanoplastie est une technique d’orfèvrerie utilisée pour reproduire, ornementer ou embellir un objet, à partir d'un moule relié au pôle négatif d'une pile et qui se recouvre alors d'une couche de métal: il s’agit du principe de l’électrolyse.
La galvanoplastie sert à recouvrir un métal d’une couche d’un autre métal. Dans mon cas, c’est du laiton qui est recouvert d’or (doré) ou de rhodium (argenté). Je choisi le nombre de micron à poser généralement entre 1 et 5 microns, cela dépend de l’usage du bijou. Plus le micron est élevé, plus le placage est solide dans le temps.
L’argent peut également être recouvert d’or ou rhodié pour lui donner plus de résistance dans le temps car avec le temps l’argent jauni.
- Belartiza: « Réalises tu toi-même le plaquage et les dorures? »
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Christina Lecler: « Non, je fais appel à un doreur à Anvers. Je me suis formée aux techniques de base en bijouterie qui m’a permis de me définir comme « Artisane bijoutière » mais je ne suis pas spécialisée dans la dorure et je ne risque pas de le faire car cela représente beaucoup d’investissement et une technique infaillible. Je préfère continuer de me perfectionner dans mon domaine de créatrice.
En bijouterie, chaque étape est un métier à part entière, ainsi peu de bijoutier travaille eux-même la galvanoplastie et font très souvent appel aux spécialistes dans ce domaine.
- Belartiza: « Pourrais-tu nous décrire certains de ces outils et techniques de bijoutiers? »
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Christina Lecler: « Oui, bien sûr. J’ai dû les étudier afin d’obtenir un certificat d’apprentissage des techniques de base en bijouterie. Les outils du bijoutier sont principalement le boc-fil, la cheville, le chalumeau, le déroché, les limes et les marteaux de textures et bien sur un tas de pinces.
Expliquons d’abord ce qu’est un carat ou “K”…
Le carat (abrégé « ct » en français, certains bijoutiers le notent « k » à l'instar de l'usage anglo-saxon) est, en bijouterie, une mesure de pureté de métaux précieux tels que l'or. Dans ce contexte, un carat représente 1⁄24 de la masse totale d'un alliage .
Par exemple, de l'or à 14 carats signifie que dans 24 parts d'alliage, on trouve 14 parts d'or pur.
Une technique plus en détail: Le Gold filled 14k, littéralement de l’anglais « rempli d’or », est la forme de dorure la plus épaisse. En combinant pression et chaleur, la technique de fabrication du Gold filled consiste à recouvrir une base en métal (il s’agit très souvent du laiton) à l’aide d’une solide couche d’or 14 carats.
Ainsi, le Gold filled contient généralement 50 à 100 fois plus d’or qu’un bijou en « plaqué or ». Les bijoux en Gold filled sont donc bien plus durables qu’une dorure classique si l’on en prend soin. Voici un petit schéma explicatif qui permet de comprendre les nuances entre les appellations « Gold filled », « plaqué or », « bijou doré à l’or fin »…
De manière générale, la qualité et la durabilité d’un bijou en Gold filled seront meilleures que celles d’un bijou en plaqué or (couche d’or de 3 microns minimum), et encore plus qu’un bijou simplement doré à l’or fin (couche d’or d’1 micron minimum).
Les avantages des bijoux en Gold filled sont sa résistance à l’eau et sa durabilité et son absence de réaction allergique.
Cependant, il existe bien entendu des dorures simples ou des placages or de très bonne qualité. Tout dépend de l’origine et des conditions de fabrication, du métal de base utilisé, etc.
- Belartiza: « Peux-tu nous présenter tes Merveilles? »
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Christina Lecler: « Avec plaisir ! Mes “Merveilles” sont des bijoux façonnés dans mon atelier, j’y met tout mon cœur et toute mon âme. Ce sont des bijoux passions. Mes collections naissent grâce à une émotion, un sentiment que je souhaite partager . Je m’exprime avec mes “Merveilles”: elles sont thérapeutiques à mes yeux.
Il y a des colliers, des boucles d’oreilles et des bagues diverses.
Comme expliqué précédemment, ils sont réalisés sur une base de laiton qui est ensuite soit plaquée en or 18K pour les bijoux dorés, soit rhodiée pour les bijoux argentés. Certains modèles sont en gold filled et ne passe pas chez le doreur car la matière est de base très résistante.
Ces “Merveilles” sont à découvrir à partir de maintenant sur la boutique en ligne Belartiza: www.belartiza.be/mode.
- Belartiza: « Aurais-tu une astuce éco-responsable à donner? »
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Christina Lecler: « Il est toujours possible de garder ses bijoux « Merveilles » plus longtemps en bon état et de leur redonner un coup d’éclat grâce à un bon nettoyage. Tout dépend de la matière, l’argent et le laiton peuvent simplement être poli pour redonner de l’éclat. Les bijoux plaqué peuvent parfois repasser chez le doreur. Et si jamais le fait de retraiter le bijou serait compliqué, il est toujours possible de le transformer ou le récupérer en partie pour une nouvelle création.
Un immense merci à Christina pour sa gentillesse, sa créativité et sa collaboration dans cette nouvelle rubrique d’interviews d’artisans: une très belle première !
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