Anne-Sophie Sartori et Sara Benbrahim sont deux jeunes entrepreneuses mettant leurs valeurs au centre de leurs projets:
la consommation locale, l’éco-responsabilité, l’utilisation de matières premières naturelles,… Anne-Sophie est la créatrice de Belartiza, une plateforme e-commerce dédiée à l’artisanat local belge (www.belartiza.be). Sara est la fondatrice de Akal Market, un e-shop éco-friendly 100% marocain (www.akalmarket.com). En créant leur projet de commerce local, elles soutiennent les créateurs et artisans locaux et participent, toutes les deux, à une évolution vers un mode de consommation plus responsable.
Fait étonnant, elles partageaient le même logement à Bruxelles durant leurs études de communication et ont repris contact dix ans plus tard, se rendant compte qu’elles avaient développé le même type de projet dans leurs pays respectifs.
Afin de vous présenter leur parcours, elles ont répondu à une série de questions, se présentant sous trois volets, qui vous aidera à mieux comprendre leur démarche.

Sara : Peux-tu nous parler des débuts de Belartiza?
Anne-Sophie : Belartiza est un projet qui a muri pendant plusieurs années… C’est en avril 2019 que l’idée de rassembler plusieurs artisans belges sur un même e-shop germe dans ma tête: j’ai toujours été fascinée par l’artisanat et je voulais développer une initiative ayant du sens. Je décide donc de trouver des aides et structures pour mettre mon projet sur pied.
C’est grâce à Créajob à Louvain-la-Neuve que je structure mon idée d’e-shop: je fais de très belles rencontres d’autres entrepreneur(se)s motivé(e)s. Mais après trois mois de formation, je ne passe pas le pas de la couveuse d’entreprise, estimant mon projet pas encore assez mûr.
C’est deux ans plus tard que je sors mon projet du tiroir afin de lui donner un coup de frais et développer ses outils de communication (site web, réseaux sociaux, flyers, stickers, cartes de visites,…). En novembre 2021, c’est le grand lancement de l’e-shop avec 12 artisans à son bord. Aujourd’hui, Belartiza regroupe 28 artisans belges et des initiatives actives (ventes privées, marchés,..) et en cours (boxes entreprises, boxes B2B,..). Affaire à suivre…
Anne-Sophie : Quelles sont les plus-values d’une plateforme inter-artisans comme la tienne ou Belartiza?
Sara : Qu’il s’agisse de la Belgique ou de Maroc, nos e-commerces visent à mettre en valeur les créateurs et les entrepreneurs dans nos pays respectifs. Il s’agit d’une réelle opportunité pour eux car cela leur permet d’intégrer un site spécialisé et d’acquérir de nouveaux clients.
Notre travail repose sur la mise en valeur des produits locaux qu’ils produisent. Nous réalisons donc un travail de marketing digital permettant d’informer, de sensibiliser et de partager du contenu sur ces produits mis en vente. Encore une fois, nous ne sommes pas de simples revendeurs, mais nous mettons en avant nos valeurs (consommation locale, éco-responsabilité, recyclage,…).
C’est aussi ce travail de sensibilisation qui nous permet de mettre en ligne de nouvelles marques encore très peu présentes sur le marché et d’aider notre public à aller vers un changement de mode de consommation.
Sara : Penses-tu que le marché belge est suffisamment sensibilisé à la consommation locale?
Anne-Sophie : Concernant la consommation locale, je crois que la plupart des gens savent qu’il est important de modifier notre façon de consommer, mais malheureusement plusieurs freins persistent (le coût des denrées, le gain de temps, …). La prise de conscience n’est pas encore totale et souvent, on minimise les conséquences de nos choix de consommation…
Certains diront que nous « surfons » sur cette vague éco-responsable, que c’est un effet de mode,… Oui, peut-être que la tendance nous y encourage, mais le plus important est de croire en cette façon de consommer plus locale et plus responsable. Depuis que j’ai mis sur pied mon projet, je pense autrement et opère des choix de consommation plus réfléchis pour mon foyer… Au fur et à mesure, la prise de conscience se change en actions concrètes et ces actions deviennent des habitudes.
Je pense qu’il y a un vrai public au mode de vie éco-responsable, que plusieurs familles belges, telle que la mienne, font cette réflexion vers le changement. Encore faut-il pouvoir les atteindre: il faut trouver les bons canaux de communication, les bons moyens de les toucher. Belartiza n’a en réalité que sept mois d’existence et Rome ne s’est pas construite en un jour… J’ai confiance ! A nous de trouver petit à petit notre place sur ce marché spécifique et dans une société en constante évolution.
Anne-Sophie : Comment vois-tu l’évolution du commerce local au Maroc et en général ?
Sara : Je dirai simplement que le local, c’est l’avenir. D’ailleurs, le fait que nous vivions toutes les deux dans deux pays différents (Belgique et Maroc) et que nos projets soient similaires le démontre bien. Nous avons toutes les deux compris au même moment que la consommation locale était nécessaire pour vivre en harmonie avec son environnement et nous avons aussi décidé de lancer un projet entrepreneurial autour de cela.
Il est vrai que nos parcours personnels et l’actualité internationale avec la crise sanitaire nous ont conforté dans nos choix professionnels. Nous sommes, à présent, nombreux à avoir compris que nos consommations ont un impact direct sur nos modes de vie et que l’économie d’un pays ne peut reposer sur l’importation. Au Maroc, de nombreux programmes d’incubation et de financement visent à soutenir cette production nationale, ce qui m’a aidé moi aussi à bâtir mon projet.
Il faut aussi rappeler que même si le retour vers un mode de consommation plus simple est dans l’air du temps, se lancer en tant qu’entrepreneuses dans ce domaine n’est pas facile. Nous faisons face tout d’abord aux nombreux challenges des jeunes entrepreneurs et nos interlocuteurs ne sont pas forcément sensibilisés à notre démarche.
Dans le second volet de cette interview, Anne-Sophie et Sara vous parleront de leurs liens avec les artisans et leurs modes de fonctionnement.
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